Les prémices...

 

              Au-delà des textes généraux, la gestion "contemporaine" des eaux de la Durance et du Verdon repose sur des textes législatifs et réglementaires particuliers, dictés par l'importance considérable des enjeux économiques et humains liés à la rivière et qui ont parfois mis en péril l'ordre public :


      - loi du 11 juillet 1907 sur la réglementation des eaux de la Durance, et décret du 14 août 1908 portant application de cette loi et création d'une Commission Locale chargée de définir les besoins stricts des canaux et de surveiller les réductions des prélèvements imposés à chacun d'eux au fur et à mesure du constat de réduction des débits en Durance : la Commission Exécutive de la Durance (CED) ;

      

       - loi du 5 avril 1923 visant à la constitution de réserves sur la Durance et sur le Verdon en vue d'assurer le développement des irrigations et d'améliorer l'alimentation en eau potable en autorisant la dérivation de volumes supplémentaires. Elle tendait à ménager à la fois les droits des riverains de la Basse Durance et les besoins du département du Var et des Bouches-du-Rhône. Cette loi affirme la satisfaction prioritaire des besoins agricoles et la possibilité sous cette réserve d'utiliser les eaux pour produire de l'énergie. Le texte précise en fait que toute dérivation hors du bassin versant devra être garantie par des réserves de capacité suffisante pour ne pas modifier le débit naturel en période de dérivation des avaliers et aussi de satisfaire les dotations antérieures existantes.

 

 

 

Les aménagements de la Durance

 

 

            Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, un programme d’aménagement de la Durance est lancé. Il vise à la fois à augmenter les ressources en eau disponibles durant la période estivale et résorber les irrégularités de régime du cours d’eau. Cela s’est traduit par la construction du barrage de Serre-Ponçon et le “doublement du lit de la Durance” par un canal permettant le turbinage régulier des eaux issues de ce réservoir.

            E.D.F obtient la concession de la construction et l’exploitation des ouvrages prévus. Une convention est alors établie entre le Ministère de l’Agriculture et E.D.F, le 24 novembre 1953. Celle-ci prévoit la constitution d’une réserve agricole dont le volume a été fixé à 200 Mm3. Elle est destinée à garantir l’alimentation des eaux des canaux d’irrigation de la Basse Durance, le ministère de l'agriculture contribuant pour cela à hauteur de 12,28 % au coût total de la construction de l'ouvrage, y compris l'usine hydroélectrique. Elle est annexée à la loi du 5 janvier 1955 et précise les nouvelles conditions de fourniture en eau à la région.

 

La loi du 5 janvier 1955 relative à l’aménagement de la Durance déclare d’“utilité publique ” la construction dans les départements des Hautes-Alpes, des Basses-Alpes, des Bouches du Rhône, du Vaucluse et du Var, des ouvrages destinés, d’une part, à la régulation de la Durance par la construction d’un réservoir à Serre-Ponçon, d’autre part, à l’utilisation des eaux pour les irrigations par pompage ou par gravité et à l’aménagement de la force hydraulique pour la production d’énergie électrique, une dérivation de la Durance étant établie entre le confluent du Verdon et de l’étang de Berre. La double mission agricole et hydro-électrique des installations envisagées est donc clairement annoncée dans cette loi:

le débit maximum dont la dérivation est autorisée au profit des canaux situés en aval de Cadarache est fixé à 114 m3/s, dans la limite des débits naturels de la Durance à ce point;

le volume d'eau pouvant être mis à disposition des agriculteurs de la Basse Durance, grâce à la réserve de Serre-Ponçon peut s'élever à  200 Mm3;

la dotation en eau est gratuite, mais modulable au cours de l'année: nulle en hiver, progressive au printemps, maximale en été et décroissante en automne.

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Toutefois, cet aménagement, et notamment le barrage de Serre-Ponçon (le plus grand d’Europe occidentale), avait dès cette époque nourri un vif débat d’aménagement du territoire (en référence, le livre "Hortense ou l'eau vive" de Jean Giono, et « L’eau vive », chanson et film de François Villiers et Guy Béart).

 

 

 

 

 

      A partir de 1955, les eaux destinées à l'irrigation sont déviées de ce canal. Les associations des irrigants de la Crau sont depuis ce temps liés par convention à EDF : la dotation d'eau est gratuite mais varie au cours des saisons. Si les risques de pénuries d'eau ont diminué, les apports de limons sur les parcelles ont également été réduits rendant plus aléatoire la création de nouveaux prés.

 

            En fonction de l'évolution des besoins, la souscription de tranches complémentaires de 20 Mm3 est envisagée par la convention, moyennant une indemnisation complémentaire du préjudice subi par EDF. Dans ces conditions, la CED intervient plus rarement pour régler la répartition des eaux entre les canaux lors des années particulièrement sèches comme ce fut le cas en 1989 et 1990.

Ultérieurement, la convention du 21 mai 1962 augmente les réserves du Verdon dont le volume maximum est fixé à 250 Mm3 ,85 Mm3 dans le barrage de Castillon en application d'une convention du 18 août 1941,25 Mm3 dans le barrage de Bimont, 140 Mm3 dans la retenue de Sainte-Croix.

La gestion des réserves du Verdon est confiée par le Ministère de l'agriculture à la Société du Canal de Provence (SCP) qui, par décret du 15 mai 1963, est désignée comme concessionnaire de la construction du canal de Provence et de l'aménagement hydraulique et agricole du bassin de la Durance.

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Archives, filmographie

 

               Voici quelques archives audiovisuelles et reportages de l'époque tirés du site de l'INA (Institut National de l'Audiovisuel):


- "PROSPERITE NOUVELLE EN DURANCE":

Provence Magazine - 06/08/1955 - 17min12s

"Reportage éminemment pédagogique (voire de propagande...) d'Axel TOURSKY afin de démontrer tous les bienfaits du développement économique et du mieux-être social qui naîtront de la construction du barrage de Serre Poncon et de la maîtrise définitive du cours de la Durance. Si la rivière est déjà maîtrisée dés le XVIème siècle par les fabuleux travaux de canalisation d'Adam de Craponne, seule une retenue d'eau aménagée au niveau de la confluence de la Durance et de l'Ubaye, alimentée par la fonte des glaces du Pelvoux, permettra une irrigation régulière de la Provence et la production d'énergie électrique."

 

- "TRAVAUX SUR LA DURANCE":

Reportages régionaux pour le journal national - 04/04/1957 - 04min24s

"Serre Poncon sera le 1er barrage en terre d'Europe. De gigantesques travaux de dérivation de l'impétueuse Durance sont entrepris sous l'oeil improbateur de Jean GIONO qui observe la fin de ''l'eau vive ''."

 

- "MISE EN EAU DU BARRAGE DE SERRE-PONCON":

Reportages régionaux pour le journal national - 02/04/1960 - 01min27s

"Le plus grand barrage d'Europe : celui de Serre Poncon dans la vallée de l'Ubaye, qui a nécessité la déviation de la Durance, vient officiellement d'être mis en eau. Un nouveau village est en construction pour héberger les habitants du village de la vallée noyée."

 

- "PROVENCE, TERRE DE PEUPLEMENT":

01/01/1955 - 28min33s

"Reportage sur la région pittoresque de la Provence et son important développement économique dans les années 50. La dérivation et le barrage de Donzère-Mondragon, la modernisation du port de Marseille, l'irrigation de la Camargue, la culture du riz, la création du port pétrolier de Lavéra et de la centrale hydro-électrique sont autant de structures valorisant et enrichissant la région et permettant son ouverture sur le monde. Ces transformations n'ont pas pour autant réduit le charme et le cadre chaleureux de la Provence et la fièreté des Provenciaux. Film produit dans le cadre du plan Marshall."

 


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